Les Chroniques de Jersey 6/11/1926:
Je suppose qu’un grand nombre de mes lecteurs et lectrices étaient à Springfield Samedi passé pour oui les récitations en Jèrriais.
Je réussi à m’y faufiler ettout mé et je vos asseuthe que comme vous je passi une sethée bain agréablye.
Le Comité de l’Eisteddfod eut une bouanne idée quand i’ décidi de changi le local et transféther la compétition à Springfield. Si ch’avait ‘té à l’Hotel de Ville comme il avait ‘té annoncé en prumi lieu, la maintchi d’nous n’aithait pas peu y entrer.
V’là tchi prouve que not’e vieille langue n’est pas sous l’point de dispathaître comme il y en a qui prétendent.
Je crais bain qu’i’ y en a hardi parmi vous qu’ont ‘té desappointés que “Les Chroniques” n’ont pas donné un rapport complièt de la séthée avec les r’merques de l’Adjudicateur sus les difféthentes compétitions mais tout ch’la est d’la faute du Chef.
I’ n’tait pas li chein qui prouve qu’il a mantchi à san d’vé, et s’gardi bain de d’mander d’agi comme rapporteur, car dans chu cas-là il aithait ieu à m’payi “overtime,” et il êvite chenna autant comme i’ peut avec l’extchuse qu’i’ faut garder les frais aussi bas que possiblye afin de pouver payi à nos actionnaithes un gros dividende.
Mé, je dis que ch’est tout simplyement par avarice!
Enfin tréjous j’y fus et comme d’habitude, j’entri sans payer, un privilège que nous a quand nous est touôllyis parmis les gâzettes.
Je n’avais pas assez d’sous sus mé pour acater un programme ch’est pourtchi je d’mandi à un moussieu qu’était assis auprès d’mé de m’prêter l’sien.
Quand je vi que l’Comité avait chouaîsi treis de mes compositions pour les piéches à réciter, ch’est que j’étais bain ordgilleux mé, et pis quand je vins à réfliéchi je fus prins d’peux car je pensi que si la nouvelle couothait parmi l’audience que j’étais présent, tout l’monde se mettrait à crier pour l’auteur, comme i’ font tchiquefois dans les théâtres.
“Ah!” j’pensi, “jamais je m’pourrais aller me mâter d’vant une patheille multitude! Et je n’peux pas monter sus le “stage” dans ches braies-chin!”
Heutheusement, je n’fus pas r’connu et la sethée s’passi sans autchun incident gênant.
L’adjudicateur fît preuve d’une grande patienche en êcoutant toutes ches p’tites gens-là erciter lus difféthentes piéches et je crai qu’i’ s’atchitti d’sa tâche assez bain.
Sans doute i’ n’pouvait pas pliaithe à tout l’monde.
Tous voudraient être les prumiers mais ch’est impossiblye.
La mèthe a iune des p’tites filles qui réciti, était aussi tout près d’mé et quand ou oui les points annoncés par l’adjudicateur, ou fut bain étonnée que sa p’tite n’avait pas ‘té pliaichi pus haut.
“En v’là don!” qu’ou s’fit, “Selina n’a que 73 merques et l’Piteur Pinchon en a 79! Jamais les aviers à la Lisabé Pinchon ont ‘té supérieurs ès mains pourtant!
Ch’est-t-i lyi acheteu qui s’en va en faithe du “swank!” chute competition-là a ‘té tout-à-fait mal jugie!”
La compétition pour les hommes fut bain interressante.
Les treis contchuthents firent diversement bain, et je félicite Douard Le Bro’ d’aver gagni la coupe.
Mais i’ fallait s’y attendu.
Ergardez l’avantage qu’il avait par dessus les deux autres compétiteurs.
Pour des années, quand il ‘tait rapporteur pour “Evening Post” il a assisté à des douzaines de députations comme chette-là et i’ connaîssait l’atmosphère, les attitudes et les manièthes des difféthentes personnes qu’y prenaient part, et tout chein qu’il avait à faithe était de les imiter.
Mais tout chenna ne pouvait pas être prins en considéthation, l’adjudicateur était obligi de prendre la chose comme oulle li fut présentée et nou n’peut pas sinon admettre que Douard réciti chute pièche-là d’une manièthe admithablye.
Les siens qui n’eurent pas l’avantage de l’oui Samedi au sé ne dev’thaient pas mantchi d’aller au grand Concert à Springfield Mardi au sé, et pis i’ verront pour ieux-mêmes que v’là qu’en vaut la peine.Ah ça, i’y a une chose que l’Comité f’tha bain de réaliser.
Le Caouain ne peut pas continuer à êcrithe tout seu des piéches pour récitation.
Toutes les productions convenablyes, êcrites par d’autres auteurs ont ‘té récitées des fais sans nombre, et pour ertenin l’intethêt du public il est nécessaithe que d’autres nouviaux auteurs s’en mêlent.
Je voudrais suggéther qu’une compétition es-sait organisée par la Direction de l’Eisteddfod et des prix données pour les miyeu piéches.
Comme ch’la v’la qu’attithethait peut être des poésies et d’la prose de dans difféthentes parties de l’Ile et f’thait un mio pu de variation.
Mai je r’pâlelons de ch’la.
Caouain
Les Chroniques de Jersey 6/11/1926