La Gazette de Guernesey, dans san neunmétho du 15/1/1873, louangit la publyicâtion Jèrriaise La Nouvelle Année et contribuit tchiques patholes entouor l’împortance d’la littéthatuthe des Îles d’la Manche. J’en présentons tchiques buts.
An 1873 issue of the Gazette de Guernesey praised a recently-published Jèrriais poetry collection and drew out some commentary on the importance of vernacular literature in the Channel Islands. Note how even a Guernsey newspaper could describe the Jèrriais writers of the period as a brilliant literary group.
Poésies Jersiaises
Voici la sixième fois que notre savant et spirituel ami, A.A.L.G. publie sa brochure annuelle. Tout y est attrayant. L’imprimeur, M. Le Feuvre, a tenu à honneur de revêtir des plus belle grâces de l’impression les morceaux si bien tournés et si patriotiques du brillant groupe littéraire que Jersey a le bonheur de posséder. Ce charmant recueil est un petit cadeau d’étrennes que tout Jersiais devrait offrir à ses enfants.
Ceux de nos lecteurs qui ont eu l’avantage d’entendre M. le Gros faire sa belle conférence sur la Littérature normande et insulaire, connaissent l’étendue des moyens dont il dispose et sont à même d’apprécier son talent…
A.A.L.G. donne l’hospitalité aux vers de ses amis. Ainsi nous avons du “Saint Louorenchais,” un talent exceptionnel aussi et bien connu à Guernesey, où il possède de vrais et nombreux amis, La Légende de St. Hélier, Jerri, le Vier Châté et la chanson qui suit…
Le sol et la langue ont une liaison mystique qu’on ne peut séparer. Il importe peu que la langue soit un dialecte, c’est toujours la voix de la patrie, et la seule voix légitime; un dialecte est une langue qui a eu des malheurs, et par cela même elle n’en est que plus intéressante.
On a posé la question. A quoi sert-il d’écrire dans les dialectes! Sans nous arrêter à l’inspiration qui pousse le poète à chanter et que des esprits prosaïques ne comprendraient pas, s’en moqueraient même, nous répondrons, selon le génie de notre race, par une autre question, – Qui voudrait voir Burns en anglais? Tam O’Shanter, le Cottar’s Saturday Night, vivront aussi longtemps que l’Ecosse. Walter Scott connaissait toute la force de l’idiome sur le coeur national lorsqu’il faisait ses personnages parler en dialecte écossais.
Alors pourqui serait-il refusé aux compatriotes de Wace et à la langue, qui est la souche du Français moderne, de se perpétuer de la même façon. L’idée est d’un pédant pour qui le monde n’existe pas en dehors du Dictionnaire de l’Académie, il ne peut apprécier la Mireille de Mistral ni les Papillottes de Jasmin, c’est son malheur, mais il ne faut pas poser un éteignoir banal sur ces foyers de vie et de lumière; un peuple peut conserver le dialecte de ses pères et vivre pour ainsi dire en communion avec eux, tout en parlant correctement selon le style du jour de Londres et de Paris pour les besoins ordinaires de la vie. Il suffit de jeter les yeux à l’entour de nous pour constater que les hommes vaillants qui ont soutenu parmi nous l’honneur du vieil idiome sont précisément ceux qui comptent parmi nos meilleures plumes amglaises et françaises. Il suffit d’abord de nommer le vénérable George Métivier, puis le profond Lélius, qui se tait depuis si longtemps, A.A. Le G., le docteur L…, l’auteur de l’inimitable Souonneux, l’Anmin Flippe, Denys Corbet, Guilbert, muet aujourd’hui et plusiers autres.
Où en serions nous si M. Métivier n’avait dévoué sa vie à peindre notre passé en vers impérissables? Sans lui qui le connaîtrait aujourd’hui et dans quelle autre langue aurait il pu le dire. En vers français, vingt poètes en France en écriraient d’aussi bons, ces vers seraient perdus dans la foule et ne parleraient aucunement à nos coeurs. Il a écrit bien des pièces françaises et de fort belles, mais en fait on le cas de Ma Tante, de Nos viers accoints, de l’Enterrement? A quoi serviraient en français, la Fille Malade, la Picangneresse et le R’tou du Terreneuvi, sans l’idiome ces phases d’existence nationale seraient perdues.
Non, l’un ne peut aller sans l’autre, même tout sentiment à part et dans un point de vue utilitaire. Si le dialecte se meurt, ces poésies, si naturelles, sont la chaîne qui reliera le passé au nouveau. Si notre idiome est destiné à périr, qui peut estimer trop la valeur de mots ainsi conservés pour les archéologues futurs?
Si l’Irlande eut cultivé sa langue si riche elle n’en serait pas où elle est aujourd’hui, un pays perdu à jamais par rapport à tout ce qui constitue une vie nationale. Les Gallois montraient l’exemple, les montagnards écossais chérissaient leur gaëlique. Moore n’en a conservé que sa vieille musique si triste et si touchante, quelle serait la vertu de ses vers sur des coeurs irlandais s’il les eut écrits dans la langue maternelle. Peut-être il ne le pouvait déjà pas; voudrait-on qu’il en fut de même de nous?
La langue c’est la patrie; patrie grande ou petite, langue ou dialogue peu importe; à ce son on se reconnaît.